Dans une démarche de recomposition urbaine du secteur historique, la Ville de Quimper a engagé un ensemble d’actions fortes qui visent prioritairement à conforter son animation et son attractivité. 

Dans ce contexte à forts enjeux, et conscient de la valeur stratégique que revêt cette opération, notre groupement porté par REALITES a déployé toute son expertise pour traduire les attendus de la Ville : ré-insuffler à son centre ancien sa dynamique humaine, sociale et économique.

Une programmation mixte

En adéquation avec les objectifs de la Ville et la vocation sociale du site, nous proposons de recomposer une pièce urbaine liant intelligemment mixité sociale et mixité fonctionnelle.

Au-delà de l’offre résidentielle composée d’au moins 30% de logements sociaux, et de logements en accession, nous proposons de doter l’îlot d’une crèche et de 5 cellules commerciales formant, dans la continuité du centre-ville, un linéaire cohérent, accessible, et indépendant de la partie résidentielle.

 Insertion dans l’armature urbaine

Le site occupe un emplacement stratégique dans l’armature urbaine de la ville.

Un trait fort de notre proposition repose sur l’idée qu’il est nécessaire de traiter l’angle Luzel-Réguaire de manière à « étirer » le centre ancien en créant un espace public. Celui-ci s’inscrit dans la succession de placettes caractéristiques du tissu ancien. Et seul cet angle (qui se situe juste avant le scindement de la rue Luzel), nous semble être pertinent, en termes de flux et d’animation, pour accueillir des commerces et des services.

Cet espace public, nous proposons de le créer en « creux » autour de l’Ouvroir. Ce vide agira comme un écrin et lui donnera de la valeur. Cet espace peut également être vécu comme une esplanade « appropriable » par l’Ouvroir. On peut imaginer que selon les activités, cette esplanade est peut-être temporairement investie le temps d’une exposition, ou par une mise en place de stands. Cela participe à la permanence du dialogue entre l’espace public et de l’activité associative et culturelle de l’îlot.

Dialoguer avec l’existant

Nous nous attacherons à inscrire ce lieu dans un processus attentif à l’histoire, au paysage et aux vécus. Le déjà-là nous dicte d’opérer une insertion sobre et respectueuse du cadre bâti.

Notre parti-pris est de prolonger la trame bâtie, produit de la sédimentation urbaine, et de la densifier verticalement. Cela permet de constituer un front urbain sur la rue des Réguaires et la rue Luzel qui contribueront à une meilleure lisibilité du statut des espaces et des limites. Cette composition a pour but, entre autres, de créer une unité à l’échelle de l’îlot qui fait défaut aujourd’hui.

Nous proposons de tisser un lien avec le passé en mêlant harmonieusement des socles et des façades conservées, avec une expression architecturale contemporaine pour les extensions et les surélévations.

Ainsi, ces modénatures, réintégrées dans un nouvel ensemble, seront des « signes » tangibles qui témoigneront de la mémoire du site. Au-delà des considérations esthétiques et techniques, cet effet vise à créer un sentiment de permanence et de mutation « douce ».

Travailler par strates

Le site se caractérise par une forte déclivité. Pour composer avec cette contrainte, il nous a paru nécessaire de réfléchir par strates.

Tout d’abord, la création d’un niveau en sous-sol (sous la cour de l’école) est indispensable au vu du nombre de stationnements imposés par le PLU.

Ensuite, nous avons fixé deux niveaux de références, à partir desquels nous avons réalisé une « couture » avec les abords directs pour travailler l’échelle piétonne et renforcer l’urbanité de l’ensemble.

Au niveau bas, celui de la placette et de l’Ouvroir, nous avons privilégié des hauteurs basses au niveau des commerces pour créer un effet de socle. Des emmarchements en sifflet permettent de rattraper le niveau. L’angle est ouvert, et la circulation est aisée et fluide.

Au niveau haut, soit le niveau du socle existant (côté tranche conditionnelle), nous avons souhaité créer un cœur d’ilôt vert en pleine terre. Ce dernier est relié par le biais d’une passerelle aux terrasses végétalisées situées au-dessus du socle des commerces (tranche ferme). Le dénivelé entre l’allée piétonne et le cœur d’îlot vert (2m) est traité en restanques, afin d’adoucir tout décaissement et conserver un apport de lumière naturelle optimal. Le projet propose donc aux usagers un niveau unique d’accès des bâtiments d’habitation et des espaces partagés.

A partir de ces socles prennent place les plots de logements. Ils s’élèvent en respectant la déclivité du site. Les corps d’édifice sont rectilignes, dans le prolongement du bâti existant répondant à cette exigence d’échelle urbaine décrite précédemment.

Enfin les toitures des nouvelles constructions seront traditionnelles, c’est-à-dire bi-pentes et couvertes d’ardoises à l’exception de certains bâtiments qui seront couronnés par un attique (toiture plate et végétalisée) pour atténuer la masse volumétrique au nord de l’îlot.

Une résidence généreuse

Notre proposition fait la part belle aux espaces partagés. Notamment par la création d’un cœur d’îlot vert, véritable poumon qui accueillera entre autres un potager. Nous considérons que cet espace sera un vecteur de sociabilité entre voisins.

Ensuite, nous avons veillé à adresser les halls d’entrée sur les rues de manière que la résidence fonctionne indépendamment de l’Ouvroir, des commerces et de la crèche.

Mais tous les bâtiments offrent un second niveau d’accès sur cœur d’îlot vert notamment par une passerelle. Ce second niveau d’accès permet de mutualiser les espaces partagés comme le potager commun, les jardins, le local à vélo, local poussette, local poubelle, local jardinage.

Façades et matérialité

Du fait de ces espaces libres généreux, les logements offrent ainsi une vue dégagée et un fort apport en lumière naturelle, renforcé par de larges percements pour les pièces à vivre. Les logements traversants ont été privilégiés et la typologie étudiée en fonction de l’exposition de chaque bâtiment. La création de la placette a permis un traitement spécifique des pignons apportant aux logements des percées visuelles sur la ville. Les façades sont percées aléatoirement tout en respectant la typologie des appartements afin de rythmer le front bâti. Celles donnant sur le cœur d’ilot sont dotées de balcons, participant à l’animation des espaces partagés. Les attiques quant à eux offrent un panorama tantôt sur la ville, tantôt sur les jardins intérieurs.

Le projet est conçu de sorte à permettre une transition douce entre le bâti historique et les constructions contemporaines. La sobriété des matériaux des façades créées met en valeur le langage architectural historique tout en amenant un caractère contemporain à l'ilot des Réguaires.